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Nouvelles d'Erik Vaucey... et autres gourmandises littéraires !
20 juin 2015

Changements climatiques - 4ème partie : Arnas - Pylou

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MISE A JOUR DU 21 JUIN 

J'ai la grande joie et le grand honneur de vous annoncer
que ce texte figure parmi les 8 lauréats :)
Il devrait être publié en octobre 2015...

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Le suspens est à son comble !
Alors que le verdict était attendu pour le milieu de cette semaine,
le blog des 
éditions RroyzZ 
nous fait par des hésitations du jury.

Ce sont finalement 8 nouvelles, sélectionnées parmi 25,
qui seront publiées en deux volumes.
4 nouvelles ont fait l'unanimité du comité de lecture,
mais pour les 4 autres, des conciliabules supplémentaires sont nécessaires...
Nous devrions être fixés très bientôt :)

En attendant, voici la suite de ma copie. 
Pour aller au début de la nouvelle, cliquez ici.
Pour revenir au chapitre précédent, cliquez ici !

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Pylou

 

Changements climatiques

Quatrième partie

Arnas - Pylou


La marche se poursuit dans des galeries larges et voutées, encombrées de champignons très odorants. Reprenant son rôle de guide, Fli explique qu’il s’agit du vaste réseau souterrain d’un ancien transport ferroviaire qui reliait entre elles plus de 300 gares sous la ville de Paris. Aujourd’hui encore, c’est la partie centrale de ce réseau qui constitue le coeur de la ville souterraine. Certains tronçons comme celui-ci sont consacrés à l’agriculture, d’autres abritent des logements ou des ateliers.

Vingt minutes plus tard, ils atteignent une large place très éclairée. Au mur, un nouveau vestige en émail sur lequel, on peut déchiffrer « ARNAS ». Des dizaines de personnes encombrées de bagages sortent de couloirs pour rejoindre la galerie principale. Après avoir lu son nom sur le badge accroché sur son torse, Fli interpelle un homme vêtu de la même combinaison que l’équipe qui les avait accueillis sous Reif.
- Chef Rent, que se passe-t-il ?
- Conseiller Fli, c’est bien vous ?
- Affirmatif. Que signifie tout ceci ?
- Conseiller, les fissures se multiplient sur les huisseries de plusieurs des 59 étages de la grande Tour de verre. Après ce qui est arrivé à Reif, il a été jugé prudent d’évacuer sans attendre les niveaux émergés qui étaient encore habités.
- Où vont-ils ?
- Des dortoirs ont été spécialement aménagés dans le secteur de Pylou.
- Merci pour ces informations, chef Rent.
Puis se tournant vers Lena.
- La situation est encore plus délicate que ce que je ne l’imaginais. Nous aussi, nous allons à Pylou.


* * * * *

Arrivés à destination, ils sont pris dans un tourbillon. Des centaines de personnes s’affairent, vont et viennent d’un air décidé. C’est une véritable ruche. Etourdie, Lena s’est écartée dans un renfoncement, suivie par son compagnon.
- Pylou est le centre névralgique de notre communauté. C’est ici que se tient le Grand Conseil et que toutes les décisions importantes sont prises. Certains pensent que ce lieu a été choisi pour sa nature symbolique : nous sommes juste sous le site d’un ancien château royal et de l’un des plus importants musées au monde. D’autres mettent en avant l’aspect pratique. On y trouve de multiples salles, dont un salon d’honneur d’une esthétique remarquable.

Fli parle encore quand un homme en combinaison l’apostrophe.
- Conseiller Fli, nous vous cherchions. Le Grand Conseil va se réunir dans une heure en séance publique solennelle. Votre présence est requise.
- Merci. Je m’y rends sans attendre. Ma chère Lena, vous allez pouvoir découvrir bien plus vite que je ne le pensais la superbe salle que j’évoquais à l’instant.

Peu après, des gardes les font entrer dans une large pièce carrée d’environ cent mètres de côté. En son centre une grande table ronde d’une trentaine de places est posée sur une estrade transparente. En guise de plafond, une grande pyramide composée d’un assemblage de losanges en verre à travers desquels on peut admirer les vestiges, mis en valeur par des projecteurs colorés, d’un château reposant au fond de la mer.
- Waouh ! Quel spectacle, s’exclame Lena.
- C’est aussi important pour le moral de notre communauté. Ce paysage féérique ouvre les horizons de ceux qui ne vont jamais en surface tout gardant la mémoire du prestige de notre civilisation passée.
- A quoi servent tous ces filins qui remontent jusqu’à la surface ?
- Ce sont des conduites d’eau douce suspendues à des flotteurs. Dès qu’il pleut avec un vent inférieur à 50 km/h, elles se déploient en corolle comme celle de Reif. Mais ici, tout est automatisé et les volumes recueillis sont plus de cent fois supérieurs.

La salle se remplit peu à peu. Fli désigne à Lena un siège au premier rang du public et monte rejoindre les autres membres du Conseil. Sur les murs, des écrans géants diffusent les images filmées sur l’estrade.

* * * * *

Une fois tous les conseillers installés, la lumière dans le public est atténuée progressivement, engendrant un silence respectueux. Le président du Conseil s’approche alors de son micro.
- Je déclare la séance ouverte. Devant l’importance des questions qui nous occupent ce jour et fidèle à la tradition de transparence léguée par nos pères, le Bureau a tenu à ce que l’ensemble des débats soient publics et enregistrés. Ainsi nous aurons à rendre compte aux générations futures des décisions que nous allons prendre.

Des murmures parcourent la salle. Personne n’a souvenir de propos liminaires d’une telle gravité.
- Conseiller Fli. Nous sommes heureux que vous ayiez pu nous rejoindre à temps. Pouvez-vous relater au Conseil les terribles événements dont vous avez été témoins à Reif ?

En scientifique, Fli expose l’accélération de la dégradation des structures métalliques liée à la baisse progressive des eaux et ses conséquences tragiques qui ont contraint à l’abandon de Reif. La parole est ensuite donnée au conseiller responsable de la maintenance des installations qui fait état des résultats inquiétants des inspections détaillées qui ont été diligentées sur l’ensemble des bâtiments émergés. L’évacuation de la moitié d’entre eux est en cours par mesure de précaution. Le président reprend la parole.
- Je comprends le drame que cela représente pour les familles directement concernés. Fort heureusement, l’hébergement en sous-sol de l’ensemble des membres de notre communauté est prévu et organisé depuis longtemps. Il y a-t-il d’autres conséquences ?
- Elles sont multiples, Monsieur le Président.
- Pouvez-vous détailler ?
- Avec la condamnation à court terme de la moitié des bâtiments émergés, nous devons renoncer à d’importantes ressources en eau potable. Notre alimentation va aussi perdre en diversité puisque nous aurons plus difficilement accès aux produits de la pêche.
- Regardons le côté positif des événements, interrompt le conseiller à la sécurité. Moitié moins de bâtiments, c’est moitié moins d’accès à surveiller en cas d’invasion des Barbs.
- Certes, poursuit le responsable de la maintenance. Mais je n’ai pas encore parlé du sujet le plus inquiétant.
- A quoi faites-vous allusion ?
- Notre survie dépend en grande partie de la qualité de l’air que nous respirons. Le système d’aération de nos galeries est très complexe et lié à des gaines qui remontent en surface au coeur des tours. Nous pouvons compenser la perte de l’une ou l’autre en installant des ventilateurs supplémentaires pour aspirer davantage d’air dans d’autres cheminées. Mais si nous perdons la moitié d’entre elles, il est à craindre que le taux d’oxygène soit rapidement insuffisant pour permettre la survie d’une population humaine de notre importance.

Après un silence lourd d’une vingtaine de secondes, le Président s’éclaircit la voix et reprend.
- Si je comprends bien, vous pensez qu’à court ou moyen terme, nous devrons abandonner notre mode de vie souterrain. Mais pour aller où ? pour faire quoi ? Nous avons bien dans nos archives un projet de ville flottante arrimée à Martre… Mais aurons-nous le temps de la bâtir avant de devoir évacuer ?

Le public semble abattu tandis que chaque conseiller est invité à faire part de son analyse et de ses propositions. Lena griffonne un message sur un feuillet et le donne à un des huissiers pour qu’il le transmette à Fli. Lorsqu’arrive son tour de parole, ce dernier s’adresse au Président.
- Monsieur le Président, à circonstances exceptionnelles, mesures exceptionnelles. Notre réglement intérieur prévoit que seuls les conseillers sont autorisés à prendre la parole en séance solennelle. Je vous demande de faire une exception pour que nous puissions entendre ce que veut nous dire Lena, une émissaire venue de Jnev.
- Conseiller Fli, pensez-vous vraiment que cette intervention soit de nature à nous aider dans les décisions que nous devons prendre.
- J’en suis certain, Monsieur le Président.
- Alors soit !

Intimidée, Lena monte sur l’estrade. On la guide derrière un micro, debout, face au Président.
- Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les Conseillers, je vous remercie de me donner la parole. Ainsi que le conseiller Fli vous l’a dit, je viens de Jnev, à plus de 500 kilomètres au Sud-Est d’ici. Lorsque vous accostez en bateau sur notre digue principale, vous découvrez, gardés par des chaines montagneuses, un vaste espace cultivé de 100 kilomètres de long sur 20 kilomètres de large, à l’emplacement d’un ancien lac asséché. C’est mon pays, le pays des Elves.
- Le pays des Elfes, une terre fertile, mais nous avons passé l’âge de croire aux contes de fée ! ricane le conseiller à la sécurité.
- Conseiller Enri, gardez vos sarcasmes pour vous et respectez notre règlement. Madame, poursuivez s’il vous plaît.
- Il ne s’agit nullement d’un conte de fée, mais d’une réalité issue du travail acharné de nombreuses générations, comme celui que vos prédécesseurs et vous-mêmes accomplissez ici. Ils ont détourné un fleuve, l’ont canalisé en amont pour qu’il se déverse dans la mer bien au dessus de l’altitude de notre sol. Nous prélevons juste ce dont nous avons besoin pour nos besoins propres et l’irrigation de nos cultures.
- Nous vous croyons madame, reprend le Président. Que vouliez-vous dire au Conseil.
- Je crois, Mesdames et Messieurs, que nos destins sont liés. Vous avez besoin d’espace pour vivre. Nous avons de l’espace pour vous accueillir. Oh, je vous rassure tout de suite. Il ne s’agit pas d’un geste condescendant à votre égard, ni même un simple mouvement humanitaire, mais bien d’une destinée commune, d’un contrat mutuel. Vous avez besoin d’espace, nous avons besoin de bras. De bras et d’ingéniosité pour développer notre pays. De bras et d’ingéniosité pour le défendre face aux envahisseurs qui voudraient revenir aux temps barbares. Si nous les empêchons de prendre pied au pays des Elves, leur politique de la désolation, du pillage et de la terre brûlée les condamne à disparaître. Alors, dans un an, dans dix ans, dans une ou cinq générations, lorsque la mer reculera pour de bon, vos descendants, aidés des nôtres, pourront reconstruire une nation civilisée sur vos terres et même reconstruire Paris.

Lena se tait. Elle cherche sur le visage des conseillers l’écho produit par son discours improvisé. Au fond de la salle, quelqu’un frappe dans ses mains, bientôt suivi par d’autres jusqu’à former un tonnerre d’applaudissement. Le Président laisse faire quelques minutes puis demande le silence.
- Madame, malgré votre jeune âge, je suis impressionné par la sagesse de vos propos. Je constate par ailleurs que notre population est séduite par vos paroles. Mais avant que nous ne passions au vote, j’ai une dernière question à vous poser : de quelle manière pourrions-nous rejoindre Jnev ?
- Monsieur le Président, je peux vous répondre facilement : la marine elve possède un ancien porte-avions désarmé. Ce navire a été conçu pour 2000 membres d’équipage, mais aujourd’hui, il peut accueillir jusqu’à vingt fois plus de personnes pour une navette entre Paris et Jnev.

 * * * * *

A suivre... en cliquant ici !

Erik Vaucey

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  • Les nouvelles d'Erik Vaucey explorent divers champs de l'imaginaire, en particulier ceux de la science-fiction. Plus largement, il dédie ce blog au monde des nouvelles et de leurs auteurs, genre littéraire qui mérite d'être mieux connu et reconnu :)
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