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Nouvelles d'Erik Vaucey... et autres gourmandises littéraires !
20 octobre 2015

Le nouvelliste de la semaine : A.J. Crime

aj crime

Nous avons d'abord échangé sur la toile.
En juillet dernier, nous avons fait connaissance "de visu"
à l'occasion d'un café littéraire très sympathique
qu'il avait organisé en Bretagne à proximité de mon lieu de villégiature.

C'est le nouvelliste de la semaine.

J'ai le plaisir de recevoir aujourd'hui A.J. Crime

 

EV : Bonjour A.J. Tout d’abord, qui es-tu ?

AJC : Je suis un homme tout juste entré dans la quarantaine, affublé d'une "légère" calvitie. Bien charpenté, j'ai un bon coup de fourchette et pour cela mitonne des petits plats entre deux séances de promo ou l'écriture de romans et nouvelles. Aucune science-fiction dans mes recettes que j'aime à modifier au rythme de l'inspiration, ma femme me surnomme "Monsieur Plus"… et j'applique la même méthodologie à mes textes parce que je suis un insatisfait de nature. A contrario, le gras n'étant l'ami que du goût, je dégraisse mes textes pour y chercher la concision et en cela l'exercice de la nouvelle constitue un challenge spécifique.

Y faut pas en dire trop pour m'envelopper de mystère, n'est-ce pas Erik ?

EV : Promis, je ne dévoilerai pas publiquement tout ce que je sais sur toi ;)
Mais la prochaine fois que l'on se voit, n'hésite pas à me faire profiter de tes talents culinaires :)
Depuis combien de temps écris-tu des nouvelles ?

AJC : La prochaine fois que tu viens, on tire les légumes du jardin et on se met à table... ;) Ça dépendra de ce que tu révèleras... Si tu as peur, amène un goûteur.
Pour répondre à la question, j'ai commencé un peu après le début de l'écriture de mon premier roman… soit vers l'âge de 17 ans
.

EV :  Tu étais précoce ! Comment es-tu passé du roman à la nouvelle ?

AJC : Changer de genre, ce premier roman est un récit d'heroic fantasy alors que je lisais beaucoup d'épouvante à l'époque. La nouvelle aboutissait rapidement, me changeait les idées et cristallisait une idée sommaire sans rapport avec le roman qui mobilisait mon temps libre.

C'est toujours un peu le cas, je m'y évade !

EV : Quelles qualités trouves-tu aux nouvelles par rapport aux autres formes littéraires ?

AJC : La concision ! La simplicité d'arriver à un résultat fini sans s'encombrer de tout le quorum d'un scénario à tiroirs. La nouvelle cible un développement et entretient le lecteur en un minimum de pages vers la chute. Ainsi, d'une nouvelle à l'autre, on voyage au travers le temps, l'espace et les genres.

EV : Quels genres littéraires abordes-tu dans tes écrits ? 

AJC : La science-fiction, l'épouvante, l'anticipation, l'heroic fantasy (un peu moins maintenant)… bref les genres fantastiques.

AJC Tome 1c

EV : À propos de SF, je viens de terminer la lecture du deuxième tome de ton roman « Dispergerum antecessors ». Je te propose donc de sortir des habitudes de cette rubrique : accepterais-tu de dire quelques phrases sur la genèse de cette saga ?

AJC : Pffff, Erik, voyons, dans quel carcan réducteur essaies-tu de m'enfermer ?

La genèse d'une saga en quelques phrases ? C'est au contraire une belle histoire d'amitié que tu m'enjoins à raconter ici. Faut-il vraiment que je sois succinct ?

EV : Sens-toi vraiment libre !

AJC : Heilénia est née un beau matin, je ne saurais dire en quelle saison, de la conjugaison des inspirations matinales de deux cerveaux en pleine effervescence adolescente. Mon meilleur ami et moi, amateurs de SFFFH, de jeux vidéo, de films fantastiques et de discussions farfelues, nous sommes éveillés avec les souvenirs de rêves concomitants dans notre chambre commune d'internat. Nous avons passé un petit déjeuner à inventer un scénario, à nous représenter notre planète couverte d'une canopée qui ne connaîtrait pas la nuit… Quelques développements plus tard, au cours d'une récré, et à la fin de la journée, l'histoire trouvait sa place, avançait vers une conclusion et l'environnement se dessinait à coups de crayons mentaux. Les idées affluaient et nous faisions chacun l'effort de les intégrer à un schéma global. Que de moments d'intense bonheur ! Un écueil, pourtant, attendait dans l'ombre pour déchirer notre esquif voguant sur l'eau des muses…

Jamais, à cette époque, nous n'avons réussi à nous entendre sur l'environnement spatial de notre planète : "Heilénia". La vie active planta un couteau dans le dos de ce projet qui s'échoua à l'étape du plan. Laissant dans nos bouches une poignée de sable natroné craquant sous nos dents serrées.

Il fallut attendre la veille du 24 décembre 2006… J'avais relu, quelques mois auparavant, mon carnet de notes, un vieux document papier déchiré où le crayon de bois lessivé par le temps s'effaçait irrémédiablement. Je décidais alors de sauvegarder tout cela dans un fichier informatique m'arrêtant immanquablement sur le scénario de "la planète des vents".

L'intense sensation de la créativité m'avait étreint (le poil hérissé jusqu'à la douleur, le cœur lancé à plus de sang qui battait à mes temps et ces larmes montant aux yeux. Pour moi le plus grand plaisir : la création, largement au-delà de l'orgasme). Cette histoire valait quelque chose, il était nécessaire que nous nous replongions dedans.

Mon meilleur ami me réservait une surprise… et de taille, un formidable cadeau de Noël… en plus d'être le parrain de sa fille et inversement proportionnel… lui aussi Heilénia ne lui accordait pas de repos et il désirait ouvrir un blog pour que nous puissions développer ce scénario, enrichir nos personnages, résoudre nos problème pour arriver à bon port. Une gigantesque trame, au fil des vagues du temps et de l'espace, phagocyta cette histoire romanesque et épique au sein d'un buisson ardent d'idées.

Ce que nous n'avions pas prévu, c'est que "la sylve d'Éole" maintenant nommée ainsi, ce cadavre exquis, ne s'achèverait pas aussi facilement et que je m'en irais gonfler mes voiles dans son passé pour écrire "Dispergerum antecessors".

Je te l'avais dit que je serais un peu long… je m'arrête là, ou tu souhaites en savoir plus ?

EV : Cachotier, tu ne m'avais pas dit tout ça quand nous nous sommes vus ! Oui, j'en veux davantage : peux-tu nous indiquer quelques thèmes, idées, voire positions militantes que tu aurais délibérément exploités dans ce roman ?

AJC : La ségrégation ! L'interdit ! mais aussi l'amour. Bref, ce qui fait de nous ce que nous sommes mais transposés aux habitants d'un autre système stellaire, dans une autre galaxie, un autre monde.

Oui, délibérément, Erik, certains passages pourraient choquer les lecteurs à plus d'un titre.

AJC Tome 2

 

EV : Comment te vient habituellement l’inspiration ?

AJC : Au petit bonheur la chance… souvent le matin lorsque les idées fraîches remplacent la torpeur du sommeil et, qu'émergeant du coma, le surmonde referme ses portes sur mon âme pour s'ouvrir à la conscience.

Excuse la description un peu fleurie…

Les idées peuvent jaillir n'importe quand, mais provoquent presque systématiquement cette jouissance que j'ai déjà décrite avant d'enchaîner sur une phase de réflexion pour en saisir les opportunes ramifications.

EV : Tu es pleinement excusé :) Peux-tu nous en dire plus sur tes habitudes d’écriture ?

AJC : Papier pour figer l'idée primaire et les implications directes, puis, je copie dans un fichier de notes où je réfléchis et scénarise, j'organise alors les chapitres sous forme de paragraphes fourre-tout que je déplace et complète à loisir de manière synthétique ou consensuelle, parfois même sensuelle, pas de règles pour cette étape.

Je préfère écrire seul, sans être dérangé par l'environnement des humains, mes mains suspendues au-dessus du clavier, il me faut presque une heure pour m'échauffer et me sentir à mon aise avec l'écoulement du texte, quel que soit le nombre de pauses. C'est un peu contraignant avec une vie professionnelle et familiale, le temps me manque, l'espace aussi… ça tombe bien en SF.

Pour ce qui est de la démarche vertueuse de l'écriture, Erik, je pense qu'il faut écrire tous les jours (plus de quatre heures), scénariser tout autant, et lire encore plus… grosso modo une journée littéraire de 15 heures minimum, sans compter les idées émergeant à l'improviste jusqu'à l'étape du coucher papier… ouais, il faut être directif avec ces bêtes-là !

EV : Programme bien tentant... qui suppose juste d'être célibataire, retraité et insomniaque ;)
As-tu une anecdote à raconter à nos lecteurs sur ta vie d’auteur ?

AJC : Panne de disque dur, trois semaines de démarche vertueuse perdues, six mois de boulot pour tout réécrire… mais mon texte s'est enrichi de lui-même dans l'intervalle, ce qui ne serait jamais arrivé si cette panne n'avait anéanti mes efforts.

Une morale à cette anecdote, Erik :

Toujours persévérer et ne pas hésiter à tout recommencer de zéro !

EV : Quel auteur n'a pas connu au moins une fois les affres d'un plantage informatique ? Sans doute celui qui garde une fidélité exclusive à son stylo et au papier !
Quels conseils donnerais-tu à celui qui voudrait écrire des nouvelles ?

AJC : Prenez votre temps, c'est pas parce que c'est court que vous ne devez pas y consacrer le vôtre. Cherchez la concision à toutes les phrases, le mot juste, le verbe adéquat, remettez autant de fois que nécessaire le tissu de votre scénario sur le métier, et osez !

EV : Et à un lecteur de nouvelle ?

AJC : Ayez l'esprit ouvert et laissez-vous surprendre !

 EV : S’il y avait un livre que tu as lu et apprécié et dont tu aurais aimé être l’auteur, ce serait lequel ?

AJC : Désolé, Erik… Si j'avais été l'auteur d'un livre que j'ai aimé, j'aurais été déçu. Je préfère laisser aux autres le privilège de me ravir de leur prose, de me charmer de descriptions avantageuses, de me faire voyager au rythme d'un scénario qui me mène dans les méandres de leur imagination.

Par principe, je n'aime pas ce que j'écris, au point de ne pas réussir à lire mes propres publications ; parce que je suis las de relectures ? ou que, lorsque je pose les yeux sur mes lignes, le besoin irrépressible de les modifier me torture ? Sûrement un peu des deux, non, je ne souhaite en aucun cas être l'auteur d'un livre que j'apprécierais lire, ça me gâcherait mon plaisir.

EV : A la réflexion, tu as certainement raison !
Qu’aimerais-tu ajouter ?

AJC : L'écrit permet à l'auteur d'offrir au public une large palette de sensations, de décrire finement le ressenti des personnages et d'amener la réflexion au-delà des apparences. À quelques rares exceptions, les films sont incapables de faire mieux.

Alors, lisez !

EV : Qu'as-tu déjà publié ?

AJC :Pas grand-chose alors je laisse la part belle aux liens ci-après.

AJC couv48H  AJC tournoi 5 nouvellistes

 

EV : Où peut-on te retrouver ? 

Merci à toi, Erik, ce fut un réel plaisir que de répondre à tes questions et parler de cette passion qu'est pour moi la littérature fantastique dans tous ses genres.

Te rencontrer a également été un moment fort.

EV : C'est un plaisir partagé. Je garde également un très bon souvenir de ma lecture estivale des deux tomes de Dispergerum antecessors. J'ai hâte de découvrir la suite :)

 


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  • Les nouvelles d'Erik Vaucey explorent divers champs de l'imaginaire, en particulier ceux de la science-fiction. Plus largement, il dédie ce blog au monde des nouvelles et de leurs auteurs, genre littéraire qui mérite d'être mieux connu et reconnu :)
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